CORMATIN -
Jour de pluie cet été en Bourgogne sud où
après trois parties de Scrabble, un vieux film sur la France 3 et le tour des potins, il reste...
La visite d'un château sauvé de la destruction...
vous y êtes presque, voici les dépendances qui suffiraient à mon bonheur...
Depuis le 17ème s., Cormatin a traversé l'histoire avec panache malgré de nombreux propriétaires, des revers de fortune, une révolution, des travaux anarchiques et des années d'abandon.
Il nous offre aujourd'hui un bel exemple d'architecture militaire et ornementale.
Un ange gardien devait veiller sur ce site
Dans l'ancienne orangerie, une maquette le restitue dans sa totalité
L'aile sur votre gauche s'est écroulée en 1815 sous les coups de pioche d'incompétents et il ne reste que le pavillon d'angle...
"Seuls subsistent, encadrant une cour d'honneur, le corps de logis principal et une aile disposée en retour d'équerre. Sur ses trois angles extérieurs, l'ensemble est flanqué de pavillons demi-hors œuvre eux-mêmes flanqués sur leurs angles intérieurs de tourelles en surplomb sans valeur défensive. Le corps de logis principal ouvre sur la cour d'honneur par une porte inscrite dans une travée dorique couronnée d'un édicule que surmonte un fronton encadrant un buste décapité. On y accède par un perron de cinq marches. Ce corps de logis comprend au centre de sa façade occidentale un avant-corps d'une travée. L'aile en retour d'équerre ouvre sur la cour par une porte inscrite entre deux pilastres ioniques"
Dans la cour d'honneur, la visite commence par l'aile nord
Première curiosité, cet escalier à cage vide "dit moderne", sur plan carré, est le plus ancien (1624) et le plus vaste conservé en France.
Haut de 20m et large de 9m, il a été copié sur celui du palais du Luxembourg (détruit au 19ème s.) Hommage de Jacques du Blé, propriétaire de l'époque à Marie de Médicis.
Au premier étage, nous entrons dans un salon décoré à la fin du 19ème siècle par un artiste, Raoul Gunsburg qui achète Cormatin en 1898 ...
Ce personnage fascinant, directeur de l'Opéra de Monte-Carlo, accueille l'été sur sa terre bourguignonne le gratin de l'époque du monde du spectacle. De grands artistes, comme Caruso, viennent se produire dans le cadre du concours musical de Cormatin.
Maire de la commune, lorsqu'il célébrait une union, il offrait au marié une montre en or. N'étant pas toujours présent, les mariés attendaient sa venue pour s'unir...
Puis le château connaitra l'abandon et la ruine avant d'être racheté en 1980 par trois amis, Anne-Marie Joly, Marc Simonet-Lenglart et Pierre-Albert Almendros qui lui rendront son faste d'antan.
Je me sens bien dans cette pièce, j'ai envie de me poser dans un fauteuil et d'ouvrir un des nombreux ouvrages d'art posés à notre vue
La visite ne suit pas la chronologie historique
et nous entrons dans le 15ème siècle
L'antichambre de la Marquise où l'on attend de pouvoir être introduit dans les appartements
de Claude du Blé, fille du secrétaire d'Etat Raymond Phélypeaux
Sa chambre est la pièce où elle reçoit, prend ses repas et dort. Le plafond et ses poutres à la française sont peints en bleu lapis lazuli et sur la cheminée, une peinture de Quentin Varin de 1627 (peintre attitré de Marie de Médicis). "Vénus commandant à Vulcain des armes pour Enée"
La salle est entièrement recouverte de boiseries peintes,
je n'ai pas le souvenir d'avoir vu de tels décors peints ailleurs
après la salle d'apparat, un cabinet d'intimité où la marquise peut se retirer de la vie publique
Et la garde-robe où au premier plan on peut admirer la chaise percée recouverte de velours vert, confortable et élégante !!!
puis nous passons dans les appartements de son mari Jacques du Blé, marquis d'Uxelles et de Cormatin
Le cabinet de curiosités porte bien son nom... la guide est passionnée et nous raconte anecdotes et petites histoires qui font le sel de ces visites.
A la révolution, Sophie Dezoteux, la propriétaire, ferme la quasi totalité du chateau, réduit son train de vie et se sépare de son personnel afin d'éloigner la vindicte populaire et révolutionnaire de Cormatin. Elle s'installe donc au rez de chaussée et vit principalement dans la grande cuisine avec ces enfants
la cuisine et son potager
Ce meuble est l'ancêtre de la cuisinière, où mijotaient des heures à feu doux les soupes et les potées. Il donnera son nom à la partie du jardin où l'on cultive les légumes
Derrière la cuisine, des appartements avec de magnifiques tapisseries
Une chapelle privée
puis à nouvau l'univers Belle-Epoque de Ginzburg !
et c'est avec ces photos de famille que s'achève la visite des intérieurs.
Ici Jacques de Lacretelle, écrivain et académicien qui vécut enfant des moments magiques à Cormatin et s'inspira de la perte douloureuse du domaine pour écrire Les Hauts-Ponts.
Les caves sont accessibles également puis les extérieurs
le parc et le bassin qui entourent le château
Ce n'est pas la pluie qui nous arrêtera...
dans ce jardin des cinq sens, chaque élément appelle à la reflexion
Chaque château est unique de par son architecture et son histoire.
De celui-ci, je retiendrais la beauté des peintures qui ont miraculeusement traversées les siècles pour s'offrir à notre regard et surtout la volonté farouche de ces différents propriétaires de préserver ce patrimoine exceptionnel.
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